12 janvier 2017

Charge de la dette pour 2017 : quels enjeux ?



Le vendredi 15 décembre, l’Agence France Trésor (AFT) a annoncé le montant de ses émissions de dette à moyen et long terme pour 2017. Elle prévoit un programme de 185 milliards d’euros l’année prochaine.

Ces émissions doivent couvrir le besoin de financement annuel de l’Etat et assurer cette couverture à moindre coût pour le contribuable. C’est la mission qu’assume l’Agence :

  • l’AFT emprunte pour rembourser les créditeurs de l’Etat : compte tenu du niveau de dette publique en France, le besoin de financement s’explique essentiellement par le remboursement de la dette arrivée à échéance ;
  • l’AFT emprunte à moindre coût pour le compte de l’Etat : dans les six à sept dernières années, la diminution des taux d’inflation et d’intérêts a été favorable à la France.

Cette situation explique la coexistence paradoxale d’un endettement national croissant (de 65,3% du PIB en 2008 à 96,0% en 2017) et d’une diminution du coût de cet endettement (de 44,5 milliards d’euros en 2008 à 41,8 en 2017). La soutenabilité des finances publiques française repose donc sur un équilibre fragile entre le niveau de la dette et la charge qu’elle implique.

Un équilibre d’autant plus fragile que la charge de la dette peut entraîner un effet “boule de neige” sur l’endettement. Le coût de la dette correspond en effet à 60,3% du déficit budgétaire pour 2017 (69,3 milliards d’euros), soit le deuxième poste de dépense du budget de l’Etat (10,9%) après l’Education nationale (18,4%).

Cet équilibre relatif des finances publiques françaises pourrait être amené à évoluer à partir de 2017.

Le projet de loi de finances pour 2017 (PLF), adopté le 20 décembre par l’Assemblée nationale, prévoit ainsi une charge budgétaire de la dette à 41,8 milliards d’euros pour 2017, soit 2,7 milliards d’euros de moins qu’en 2016. Le gouvernement justifie cette diminution du coût de la dette par des hypothèses macroéconomiques optimistes : une inflation contenue et des taux d’intérêts faibles.

Pourtant, si ces indicateurs devraient rester à un niveau bas en 2017, ils seront tout de même en augmentation par rapport à 2016 :

  • selon les prévisions de Bloomberg, les taux d’intérêts à dix ans croissent de 0,4 point, passant de 0,5% en 2016 à 0,9% en 2017 en moyenne ;
  • selon les prévisions du PLF, le taux d’inflation croît de 0,7 point (0,8% en 2017 contre 0,1 % pour 2016).

Avec un déficit public stabilisant le niveau d’endettement, la diminution de la charge de la dette en 2017 ne s’explique que par effet d’inertie. La remontée des taux d’intérêts attendue en 2017 ne compense pas la baisse de ces taux sur les dernières années.

Par conséquent, la remontée des taux d’intérêts et d’inflation ne menace pas la soutenabilité des finances publiques françaises à court terme. Elle appelle cependant une vigilance budgétaire accrue à moyen et long termes dans un contexte financier tendu.



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