09 octobre 2018

Activité des seniors : une amélioration timide ?



Le 2 octobre 2018, France Stratégie a publié le rapport “Les seniors, l'emploi et la retraite” qui analyse l’évolution de la situation des seniors (55-64 ans) sur le marché du travail. Leur taux d'activité et d’emploi ont progressé depuis les années 2000, passant de 30 % à 51 % en 2017. En comparaison avec les autres pays de l’Union européenne, le taux d’emploi des 55-59 ans en France est légèrement supérieur (71,9 % pour la France contre 70,3 % pour l’UE) mais celui des 60-64 ans est largement inférieur (29,4 % pour la France contre 42,5 % pour l’UE).

L’amélioration globale de la situation des seniors sur la marché du travail demeure timide, et cache un certain nombre de particularités que le rapport de France Stratégie met en lumière.

Que retenir de cette étude ?

La situation des seniors sur le marché du travail est spécifique sur plusieurs plans

Les seniors sont mieux rémunérés que les jeunes sur le marché du travail. Selon l’OCDE, le ratio de l’écart de salaire entre les 55-64 ans et les 25-54 ans en 2017 est de l’ordre de 1,20 en France, contre 1,10 dans l’OCDE. Toutefois, cet écart tend à se résorber en France : en 2006, l'écart était de 1,34 en France contre 1,09 dans l’OCDE.

Les seniors qui ont un emploi sont statistiquement plus qualifiés et plus productifs. En 2017, le taux d’emploi des 55-64 ans dotés d’un diplôme supérieur à bac+2 s’établit à 70,3 % contre 39,8 % pour les personnes sans diplôme.

Les seniors se forment moins, mais l’écart avec les jeunes se réduit toutefois depuis les années 2000. Le taux d’accès à la formation professionnelle s’élève à 39,6 % pour les 55-59 ans et 34,4 % pour les 60-64 ans, contre 50 % et 60 % pour les 25-49 ans.

Un âge avancé est un désavantage pour un candidat à l’emploi : le rapport de l’Institut Montaigne “Faire du bien-vieillir un projet de société” le rappelait déjà en juin 2015.

La situation personnelle influence le statut des seniors sur le marché du travail

L’état de santé peut être un frein pour accéder au marché du travail, mais ce n’est pas un obstacle à l’allongement de la période d’activité. L’OCDE, dans son rapport d’octobre 2017 “Prévenir le développement des inégalités avec l’âge, où se situe la France ?” considérait que la détérioration de l’état de santé n’explique qu’une faible partie de la baisse des taux d’emploi.

Les obligations familiales influent sur l’âge de départ à la retraite. 12 % des seniors ont retardé leur départ à la retraite afin d’attendre de ne plus avoir d’enfants à charge, ce qui pose des questions sur l’allongement des études supérieures notamment.

Le système de retraite : un incitatif à rester en emploi ?

Les règles des systèmes de retraite structurent l’arbitrage entre niveau et durée de la retraite. Pour les retraités de 60 ans ou plus, le rapport a comptabilisé 50 % d’entre eux en activité, un tiers ont un statut inactif (dont invalidités et maladies longues), et environ 20 % de personnes au chômage.

Les réformes retardant l’âge d’ouverture des droits augmentent le taux d’emploi mais conduisent aussi à diverses situations de non-emploi (chômage ou inactivité subie), compte tenu des divers obstacles auxquels les seniors peuvent se voir confrontés. Selon le rapport, une hausse de l’âge de départ à la retraite entraînerait une hausse du taux de chômage les dix années suivant la réforme, avant que celui-ci ne retrouve son niveau initial.

La connaissance des règles par les assurés est un aspect crucial. Selon la DREES, dans une enquête de décembre 2017, “plus l’assuré déclare être bien informé, plus il répond que le système offre suffisamment de liberté” : cette opinion représente 47 % des assurés.

Le bilan des politiques publiques en faveur de l’emploi des seniors

Les dernières réformes des retraites se concentrent principalement sur la prolongation de l’activité. A long terme, un relèvement graduel de l’âge d’ouverture des droits améliorerait le PIB et l’emploi, ce que ne produiraient pas la modération des pensions ou une hausse des cotisations employeurs.

L’objectif des pouvoirs publics est de favoriser l’emploi des seniors par des mesures non spécifiques, dans le cadre d’une politique de gestion des âges plus globale. L’accent est mis sur la lutte contre la pénibilité et la prévention de l’usure professionnelle.

A l’étranger, plusieurs types d’initiatives sont mises en place pour la promotion de l’emploi des seniors. Au Danemark et aux Pays-Bas, l’accent est mis sur la flexibilité du temps de travail en accordant des jours de congés supplémentaires ou en diminuant temporairement le temps de travail avec des possibilités de refus de l’employeur limitée. L’Allemagne a choisi de faciliter les conventions collectives avec des mesures d’adaptation qui concernent les conditions de travail et la santé au travail par exemple.





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