02 juin 2016

Bilan annuel du FMI sur la France en trois points



« L’économie française se redresse, mais il reste beaucoup à faire pour stimuler la création d’emplois et assainir les finances publiques »Le FMI a rendu public mardi 24 mai les « conclusions de la mission de consultation de 2016 au titre de l’article IV », un état des lieux des différentes composantes de l’économie française. Si les prévisions de croissance sont plus optimistes – notamment pour 2016, 1,5 % de croissance attendue contre 1,1 % auparavant – les actions à mettre en œuvre au regard de l’institution de Washington demeurent nombreuses. Le chômage et l’endettement restent au cœur de ses inquiétudes.

  • La croissance relancée

« La croissance du PIB réel devrait être proche de 1½ % en 2016, et nous prévoyons qu’elle atteindra en moyenne 1¾ % dans les cinq prochaines années ».

Le Fonds monétaire revoit ses prévisions de croissance à la hausse et les aligne avec celles du gouvernement français. Cette révision s’explique par la hausse des dépenses publiques, la dynamique robuste des salaires et de la productivité ainsi que par une croissance soutenue de la population active. Pour 2017, les prévisions correspondent à celles de Bercy (1,7 %).

  • Des efforts salués

« Il est clair que des progrès ont été accomplis sur le plan de la politique économique ces dernières années  ».

Les réductions de la taxation du travail – dans le cadre du Pacte de responsabilité et de stabilité et le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) – et les réformes structurelles visant à renforcer la concurrence – grâce à la loi Macron – ainsi que le projet de loi El Khomri sont autant d’initiatives saluées par le FMI et qualifiées de « progrès ». Le Fonds souligne les efforts réalisés pour limiter la hausse des dépenses publiques, même s’ils restent limités ; l’allègement de la pression fiscale est un autre signe encourageant pour l’économie française.

  • Des signaux alarmants

« Pour réduire le chômage et la dette, des efforts supplémentaires s’imposent.».

Ces bons points n’empêchent pas le FMI d’émettre sur le rythme de redressement de l’économie française. Plusieurs inquiétudes viennent ainsi ébranler le constat jusqu’ici positif dressé par le FMI.

Le niveau élevé du chômage semble de plus en plus structurel : il ne devrait diminuer que lentement à moyen terme, sauf à ce que des réformes majeures soient engagées. Le FMI appelle le gouvernement à renforcer les incitations à travailler tout en assouplissant la réglementation qui s’applique aux startups et aux travailleurs indépendants.

À ce titre, l’Institut Montaigne propose plusieurs recommandations visant à stimuler l’emploi, dans l’ouvrage « Pour en finir avec le chômage » et dans le rapport « Apprentissage : un vaccin contre le chômage des jeunes ».

Par ailleurs, le niveau des dépenses publiques – 57 % du PIB, « parmi les plus élevés d’Europe » – inquiète le FMI, qui recommande à la France « d’accroitre l’efficience des dépenses publiques » par la rationalisation de la fonction publique et l’application généralisée de critères de ressources pour l’octroi de prestations sociales.

La dette publique, proche de 100 % du PIB, ne devrait diminuer que lentement à partir de 2017, du fait d’un « ajustement budgétaire structurel » – baisse du déficit hors effets de la reprise conjoncturelle et de la baisse de la charge de la dette – quasi nul. Le FMI prévoit que la France atteindra « à peine » l’objectif de déficit de 3 % du PIB en 2017, tandis que le gouvernement vise 2,7 % la même année.

Le rapport « Décentralisation : sortons de la confusion » apporte des solutions concrètes pour rationaliser la mise en œuvre des principales politiques publiques à l’échelle locale, ainsi que pour identifier les principaux leviers de redressement des finances publiques locales. Le rapport « Dépense publique : le temps de l’action » propose quant à lui cinq axes pour réduire les dépenses et améliorer l’efficacité de l’action publique.

A ces zones de risque vient s’ajouter la potentialité d’un choc externe, qui pourrait remettre grandement en cause la reprise économique du pays : il est donc plus que nécessaire, selon le FMI, de prendre des mesures structurelles majeures afin de ne plus dépendre d’éléments conjoncturels.



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